"You can never judge a book by its cover". Erwin Rolfe
L'annonce d'un nouveau féminin se positionnant sur les plates-bandes du mastodonte (et de mon bien aimé) ELLE... Il n'en fallait pas moins pour attiser ma futile curiosité et ma gourmandise de magazines-copines (ceux avec qui on adore prendre le thé et les 2000 calories de cookies qui vont avec).
Samedi 11h merde, c'est le week-end, on ne badine pas avec la grasse mat' je ne me surprends donc pas, en bon petit soldat, dans les rangs de mon buraliste provincial, le précieux Grazia bien serré entre mes deux genoux (on ne sait jamais, c'est peut-être le dernier des 300.000 exemplaires sortis ce jour-là, et peut-être même qu'une furie va débarquer pour me l'arracher. Mieux vaut être préparer prête à l'assaut).
Malgré mon excitation, la première prise en main s'avère décevante: du "dos piqué" vraiment laid au papier de couverture trop glacé, en passant par une Kate Moss "bling-bling", too zébrée et Solarisée.
Finally affalée dans mon canapé et bien décidée à me faire une opinion pour de vrai, j'attaque l'edito pipeau.
Seulement quelques lignes aux allures de communiqué de presse: "Nous sommes la 13ème édition internationale d'un magnifique magazine de mode né en Italie en 1938. Des enquêtes société, de l'info internationale, de la politique, du people décalé, de la mode, Grazia, c'est 45 pages d'actu chaque semaine, pour des femmes qui ont envie de tout savoir, et de préférence avant tout le monde". Mouais, à côté, celui du ELLE Spécial Mode de la semaine fait figure quasi-orgasmique.
Côté annonceurs par contre, ça fonctionne plutôt bien. On prend les même et on recommence: Dolce&Gabanna, Tod's, Dior, Lancôme, Louis Vuitton, Gucci et tout le touti. Ce lancement est bel et bien attendu par le "milieu" (comprenez les média, pas la mafia).
Se présentant comme un cocktail girly CSP + de choc (comprenez un Cosmopolitan de l'Hotel Murano), 45% mode, 35% news, 10% people et 10% lifestyle, le new titre s'apparente en réalité à un mix pas si chic, mais pour le moins surprenant.
Ingrédients de la recette:
- 30% de Madame Figaro, pour les rubriques mode "sur présentation de votre déclaration d'ISF" only.
- 20% de Marie-Claire, pour les sujets d'actu, notamment le très bon " Le Cannabis va-t-il sauver la Californie ?".
- 25% de Closer, pour la mise en page très découpage/collage à la fluo kids.
- 20% de Gala, pour la touche people sans abus de cellulite à la Public, comme l'excellente double page sur Annie Leibovitz.
- 5% de DS pour la maquette dans la droite lignée de son créateur (une question s'impose, j'ose: pourquoi reproduire une composante d'un projet avorté, ouvertement décédé).
Dégustation en bouche un brin écoeurante, je ne suis sans doute pas si fan du style assez "tape à l'oeil" italien et des incessants loopings entre reliquats de pages cheap genre Closer et budget shopping équivalent à mon loyer (i.e la première page "effective" où l'on retrouve un titre pompé from Voici "Les in10spensables de la semaine" accolé à une pochette Jimmy Choo à... 850€).
Pour autant je n'ai aucune envie de "jeter la pierre" au premier galop d'essai oui, bon, le mal est peut-être déjà un peu fait, je sais. L'idée d'un hebdo tout nouveau tout chaud me ravit et j'ai déjà envie de réclamer à BigBoss un abonnement non payant, totalement gagnant histoire de vérifier mes propos dès le prochain numéro (et satisfaire mon irrépressible boulimie presse).
Mais j'aurais tout de même pour conclure, la folie de réclamer (avec gentillesse et politesse) un vrai QG pour gonzesses. Un magazine destiné à autre chose que notre versant "dindes gloussant devant une paire de Louboutin strassée et frétillant la crête face au dernier Marc Lévy".
F.B