samedi 1 novembre 2008

Digressions du samedi chez Monoprix

"Considérer l'homme comme un consommateur, c'est tout simplement lui faire perdre son identité, sa véritable image..."
Anthony Burgess

La mission Monop' (ou au choix: Franprix, G20, Carrouf & co) fait souvent partie des "tâches" de la vie quotidienne les plus ennuyantes (on s'emmerde rapidement au pays du thon Petit Navire et des yaourts Pêche Roussillon Mamie Nova). Le seul moment que je considère comme le quart d'heure de réjouissance de cette épopée sans grand intérêt reste celui du passage en caisse, celui de l'observation du panier moyen de ma chère ménagère de moins de 50 ans. Déformation professionnelle ou attitude classique je n'en sais rien, mais pour moi, çà vaut son pesant d'or.

Complètement barrée ? N'empêche qu'une fois le tapis roulant décortiqué, il peut s'avérer très révélateur du côté de l'acheteur. La femme, déjà cernée et mal fagotée (çà sonne vieillot ce mot ?!) passera carrément pour alcoolique dépressive en pleine rupture sentimale avec trois bouteilles de vinasse pas locale, deux pots de nutella de 500g et le DVD de Shakespeare in Love en édition collector.

Mais celle là est un classique. N'empêche que j'adore les classiques.

Les fanatiques des produits Bio qui achètent tous les produits labellisés AB ou tout autre écolabels: de la sauce "tomate et 27 autres légumes" pour les spaghettis des enfants en passant par les cotons démaquillants en fibre de bambou pour Madame et les bières blondes bio du cher mari pour finir par les petits biscuits aux fibres et aux graines de Quinoa infâmes et coupe-faim mais tellement bons et sains pour toute la petite famille ! On peut même entendre le jingle de l'émission "Bien dans ma vie" en s'approchant un peu plus près d'eux.

Les obsédés de leur body avec un caddie blindé d'articles triés sur le volet, du jus de carotte (il peut être bio là aussi) qui donnera bonne mine et optimisera l'efficacité de leurs séances d'UV, des céréales "Muesli" (là encore le bio...) aux pépites d'orge, blé, riz et avoine, des légumes de toutes sortes en grande quantité (bio bio bio, le nouveau credo chez les bobos et autres consos ?) et des escalopes de dinde qu'ils cuisineront sans matière grasse, simplement grillées (et accompagnées des fameux légumes inconnus au bataillon). Vous pourrez re-croiser ce spécimen dans n'importe quel parc vers 6h30 du mat', au taquet, Nike+ chaussées. Les femmes, elles, font de la gym suédoises et foncent à l'hôtel amour récupérer leurs produits de beauté Kiehl's, oubliés la veille...

Les "qui d'un coup te font voir ta vie bien meilleure tellement ils paraissent paumés et seuls rien qu'en remplissant leurs petits caddies" qui traînent leurs cabas sur le dos, deux trois poireaux verdâtres dégoulinants sur la anse. Ceux là ne restent pas longtemps dans ce palace de la grande consommation et repartent généralement très vite avec leur maigre butin: des harengs fumés en boîte, du saucisson (toujours du saucisson), un steak Charal sous blister et une demi-bouteille de vin de table acide.

Le djeun qui vit dans son petit studio et optimise l'espace restreint de son frigo (et de son porte-monnaie) et l'envie, que l'on pourrait gentiment qualifiée d'inconstante, de faire le ménage. Bilan: des gobelets, assiettes, couverts, matériels en tout genre en plastique et par paquets de 50, des pâtes cuisson rapide (elles aussi en tout genre), des pizzas king size bolognaise et des packs, des packs, encore des packs (stockés derrière la porte d'entrée en cas de gros matchs ou de pokers infructueux).

La petite mamie qui s'est déplacée uniquement parce qu'il lui manquait de la noix de muscade pour son gratin et que sa fille et son tout nouveau potentiel futur mari viennent pour le déjeuner aujourd'hui.

La liste pourrait être longue... Et je commence certainement à vous gonfler avec mes digressions, passagères... Mais néanmoins constantes.

Alors j'arrête et j'analyse du regard les deux sacs géants rose bonbon que le livreur Monop' vient de poser devant ma cuisine. Du Kiri format goûter, du Yop Energie, des frites géantes, trois flacons de hot ketchup, des coquillettes, des Frosties, des ptits suisses (ceux avec le tour en papier tout mouillé, c'est galère mais c'est les vrais, les authentiques, donc les meilleurs), un gel douche à la fraise et une lotion anti boutons... En plein revival régressico- nostalgique la blogueuse ?

F.B

3 commentaires:

Anonyme a dit…

je peux venir faire les courses avec toi? M*

Anonyme a dit…

J'adore regarder les paniers des gens moi aussi! On peut tellement en apprendre sur les autres, leur mode de vie et de pensée rien qu'en observant leurs caddies!

Moi, 21 ans, en couple et avec un chat, je repars de chez Monop' et Leclerc avec Des pâtes, des croquettes, de la litière, du Coca (pour lui), du Smoothie (pour moi), du Nutella, des gâteaux, des clémentines, des boites de conserves de légumes, et des yaourts. Sans oublier le passage obligé par la case "trucs qui ne servent à rien mais qu'on achète quand même parce que sur le coup ça nous parait très bien"

Florence Best a dit…

La case "trucs qui ne servent à rien mais qu'on achète quand même parce que sur le coup ça nous parait très bien" est ma préférée ! Elle permet de cerner les profils complexes (je bois du jus de carotte et je mange du saucisson mais uniquement from Corse), et d'apporter cette touche "à part" !